Jean-François Lapointe en 2012, alors qu'il était reçu Membre de l'ORdre du Bleuet. |
Timbre riche, voix puissante, interprétation raffinée jusqu'au bout des doigts, impérial et magistral, Sire Lapointe m'a envoûtée encore une fois, avec ses grands airs... d'opéra!
J'ai particulièrement aimé "Di provenza il mar" (c'est ce qu'on peut entendre sur la vidéo ci-dessous, à l'Opéra de Marseille en 2014), que chante Giorgio Germont à son fils Alfredo dans La Traviata: un moment intense, magique, émouvant.
Et il a atteint un sommet avec "Être ou ne pas être" du "Hamlet" d'Ambroise Thomas: diction parfaite, pas de grande prouesse vocale mais un engagement total, vibrations de la voix et du corps qui nous font vivre le désespoir et l'incertitude d'Hamlet.
L'Orchestre a bien entamé la soirée avec l'ouverture trépidante de "Guillaume Tell" (Rossini) et les choristes ont enchéri avec quelques airs pour choeur, notamment "Va pensiero", du Nabuccho de Verdi,
J'aurais aimé entendre davantage le baryton, mais voilà, c'était déjà fini. Le rappel très comique qu'il nous a offert, l'air du général Boum-Boum de "La Grande-duchesse de Gérolstein", n'était pas choisi au hasard, comme il l'a expliqué lui-même.
À 17 ans, Jean-François Lapointe montait sur cette même scène... ou presque (l'auditorium Dufour à l'époque), pour y faire ses débuts. Il incarnait un autre personnage de cette même opérette d'Offenbach, le jeune, naïf et maladroit soldat Fritz.
C'est à ce moment (1981ou 1982) que, comme les autres journalistes (et le public), j'ai découvert avec étonnement et ravissement le talent, la qualité de la voix et du jeu de ce jeune artiste de chez nous. À le voir, à l'entendre, nous pressentions qu'il irait loin, très loin.